« T » comme tolérance

Faut – il se gargariser ou se glorifier lorsqu'on se réclame d'être tolérant ? Est – ce aussi noble que l'on pense ? La tolérance ne serait – elle pas plutôt une bien piètre marque d'une crispation, d'un désaccord inavoué, peu courageux, feinte d'indifférence, pis aller, modus vivendi d'étiage social minimal ? En ce XXI ème siècle, parler de tolérance devrait nous mettre mal à l'aise. L'époque qui s'amorce demanderait plus de détermination. Mais laquelle et vers quelle autre disposition d'âme ? Ne parlons ici que de la tolérance envers les humains et non dans le sens de « tolérer » un traitement ou un médicament. Mais peut – on et doit – on tolérer tel crime sans que justice soit faite, telle parole injurieuse, tolérer la misère, les abus sexuels ou autres, les oppressions diverses ? Faut – il tolérer l'esclavage, moderne ou non ? Tolérer dans ces cas est lâcheté, manque de courage. On ne peut tolérer l'intolérable, il existe un «seuil de tolérance » à ne pas dépasser. Toute tolérance a ses limites. Paul Ricoeur s'emploie à montrer les difficultés de la tolérance, essayant de faire échec à l'intolérance et dénonçant l'intolérable. « Tolérance, intolérance, intolérable » trois termes en conflit et en dialogue pour Paul Ricoeur1. De manière fort juste, la Déclaration des Droits de l'homme, ce texte phare du vivre ensemble, ne contient ni le mot « tolérance » ni même l'idée. Cette charte humaniste demande plus. Rabaut Saint Etienne en 1789 a plaidé à l'Assemblée nationale pour supprimer le terme, au profit d'une attitude plus profonde : le respect (des opinions, convictions, croyances). Voltaire conçoit la tolérance comme intérêt des nations et utilité sociale et économique pour faire barrage au fanatisme. Sa défense est plus idéologique que promotion de la liberté. Le respect, valeur morale avant tout, garantit la liberté, implique le sérieux de la personne et de sa considération comme « personne », sujet libre, autonome, capable d'auto – détermination; vouloir, penser, imaginer, réfléchir. Ainsi, passons de la tolérance fade et insipide au respect, force (vertu) morale et sociale qui nous amène à accueillir l'étrangeté et à être l'hospitalier de l'autre -autrui. Ne confondons pas tolérance et respect, la première est une concession condescendante, la deuxième un dynamisme d'heureuses libertés.
Philos
 

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