« Z » comme zèle

Le zèle n'a pas bonne presse actuellement. Est – ce dû aux séquelles de notre histoire où deux sortes de zèles ont sévi : le zèle juridique du gouvernement français durant l'occupation et le zèle non moins rude pour exécuter les ordres des groupes de résistants. Zèle obligé, adossé aux lois, et zèle qui vise une cause de libération, livré à l'agir des individus. Zèle aveugle ne cherchant pas à se pondérer et « zèle haineux » sans frein dans l'ardeur. Car le zèle par son étymologie est une fièvre, une ardeur. Il faut se tourner vers l'hébreu pour avoir le sens du mot passé au grec puis au français : qin'ah (héb.)1, zélos (gr.) enfin zel (fr. au 14° siècle)2 et deux pôles du sens du mot  « jalousie, ferveur ». Voilà le zèle avec deux habits. Jusqu'où peut aller cette ferveur jalouse ? Quel est son modèle ou son rival ? Il y a quelque chose d'assez admirable dans le zèle et en même temps, dans ce dévouement « chaud », passionné, une crainte d'excès. Et à juste titre car cette ferveur est portée à l'incandescence comme ferveur ou jalousie divines. Le zèle de Dieu est le modèle et le rival de celui de l'homme. Pour celui - ci il n'est pas divinisation d'un sentiment mais ce sentiment même qui s'affronte au divin et, comme tel, peut rester un « doux zèle » ou sombrer, tomber dans bien plus que le prosélytisme, dans le fanatisme. Il aurait pour nom « zèle haineux ». Ambiguïté donc du zèle qui ferait fi de toute limitation, emporté par la jalousie et sa fièvre. Le « doux zèle » aurait une capacité à agir seulement dans le pôle d'une donation généreuse , fidèle et intelligente. L'autre, prendrait la voie de la violence, la vengeance jalouse jusqu'à la mort de l'autre. Qui pourrait l'arrêter car il touche le domaine de la violence sacrée et du fanatisme religieux ? Le zèle ne peut être vidé de son origine et sens théologiques, il ne peut pas être sécularisé ou rendu profane : pour les affaires, envers une personne, envers une cause juste. Le zèle est religieux et beau lorsqu'il est douce chaleur, il est à craindre lorsqu'il s'échauffe jusqu'à devenir aveugle et sans régulation thermostatique.  
                                                                     Philos
 

1  Vocabulaire de théologie biblique.3° éd. Cerf. 1974. Article « zèle » p. 1391-94.
2  Dictionnaire Robert T IX et CNRTL (Centre national de recherches textuelles et lexicales). Même article.
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