« Q » comme question

Il est aussi naturel de poser une question que de parler. Cependant savoir poser une question est presque un art (du langage), à tel point que les philosophes considèrent qu'une bonne question est le début de la philosophie. Ne voit – on pas de très jeunes enfants poser des questions apparemment déconcertantes mais très profondes ? Seraient – ils des philosophes en herbe ? La question, quelle qu'elle soit est la marque d'un éveil de l'esprit dans une sorte d'étonnement, d'interrogation, de doute, de curiosité, de soif de connaître. En ce sens, toute question suppose le passage de la question à l'attente ou la recherche d'une réponse. Ce laps de temps entre la question et la réponse cherchée, attendue, peut durer toute une vie, l'orienter durablement, dans le brouillard parfois. Toute question devient un aiguillon pour acquérir des savoirs. « Pourquoi y a t – il quelque chose plutôt que rien ? »1 est une question radicale, fondement de toutes les questions. Les autres la supposent, comme : d'où venons – nous ? Pourquoi le mal ? La vie ? Les lois ? Qui suis – je ? Ce monde a t – il une fin ? Ces questions semblent très ambitieuses. Elles sont plutôt un risque à prendre pour une quête de sens. D'autres questions sont moins judicieuses car il y a des questions mal posées, des questions fausses. Il y a aussi les questions pièges et les questions naïves, les questions détournées, sans parler des questions innocentes ou encore indiscrètes. Parfois, il vaut mieux ne pas poser de questions, savoir être réservé et maîtriser son langage. Il faut compter également sur ces
questions qui ne reçoivent comme réponse que leur détournement/contournement ou bien seulement un silence respectueux à peine perceptible. Qu'est – ce qu'une question ? Venue du silence, sorte de dialogue avec soi – même, la question devient questionnement, rebondit, se creuse, ne trouve une réponse que dans un certain silence et une entrée en dialogue. Pierre Legendre encourage, il écrit dans La Fabrique de l'homme occidental :« il n'est au pouvoir d'aucune société de congédier le « pourquoi ? », d'abolir cette marque de l'humain »².

Philos

1 Leibniz Principes de la Nature et de la Grâce (1714) , question objet de maintes reprises

² Legendre Pierre La Fabrique de l'homme occidental. Arte Editions. 1996. p.7

 

 

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