« P » comme « présentisme »

Présentisme, un mot nouveau forgé sur le substantif « le présent » et sur le qualificatif dans l'expression « être présent ». Dans  nos temps de verbes français, le présent  indique le temps actuel qui se démarque du temps passé (simple ou composé) et du temps futur. Le temps lui-même se déroule toujours au présent, devient du passé et tout temps futur sera du présent, espérons – le. Quant au qualificatif dans l'expression « être présent » il entre en contradiction avec le « présentisme ».  Reproches envers celui – ci et préconisation de celui- là, car « être présent » est une qualité de présence belle et rare. La contradiction pointe ici son nez.  Peut – on en même temps conseiller « d'être présent » et regretter sinon dénoncer le présentisme ambiant ?  « Vivre au présent », « tout, tout de suite »  « nier tout antécédent  ou conséquent », « se construire seul » comme si on n'avait ni passé, ni avenir devant soi à bâtir, ni  vers lequel se projeter, voilà le présentisme. Il est cette forme de vie qui ne fait référence à rien ni personne, ni histoire, ni visée future. « Je vis au présent », mais c'est là que la contradiction surgit : je vis au présent sans « être présent » au présent c'est – à – dire à ce temps qui m'échappe devenant aussitôt du passé et au temps futur qui s'approche et devient du présent tout court. Le présentisme est la négation même de la dimension temporelle de mon existence. Le temps que je vis risque d'être creux, ne trouvant pas la ligne ou la flèche du temps, irréversible, irrattrapable, mais où se tisse une histoire. Ainsi, ce présentisme est aussi négation d'une construction de la mémoire, d'une histoire personnelle et commune, croisant d'autres constructions de mémoire. Alors, désavouons le présentisme et allons vers ce qu'Emmanuel Lévinas appelle « tension de la présence » ou « emphase de la présence ».[1] Rare, « être présent » d'une présence d'attention unique, où la flèche du temps inscrit sa trace ? Soyons présent intensément au présent, vraie présence mais sans présentisme

Philos


[1]Lévinas E. Éloge de l'insomnie, in Dieu, la mort et le temps.Ed. Grasset 1993.p.244.

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