«A» comme « Amour » éros, philia, agapè

Faut-il suivre les méandres d'un tel sentiment pour savoir ce qu'il est ? Il se décline en tellement de nuances et de degrés si divers tels que le désir, l'envie, la jalousie,, la jouissance, le plaisir, mais aussi l'admiration, la louange. Ce sont tous des sentiments de la nébuleuse de l'amour. Le XVII ième siècle a été riche d'études des sentiments et passions. Descartes écrit un Traité des Passions, Pascal poursuit de fines analyses des sentiments sans parler de la fameuse « Éthique » de Spinoza qui consacre à l'amour dont le pôle contraire et comme lié est la haine, de fort longues déductions logiques. Ainsi les définit-il : « l'amour n'est rien d'autre que la joie accompagnée de l'idée d'une cause extérieure ; et la haine n'est rien d'autre que la tristesse accompagnée de l'idée d'une cause extérieure » Paradoxalement, ce siècle de la raison est aussi celui de ce contraire subversif : l'amour. Et ne serait-il pas « enfant de bohème » comme chante Carmen dans l'opéra de Bizet ? Au contraire, synthétisons au plus sûr de la pensée gréco-latine. Trois termes désignent et rassemblent toutes les couleurs de l'amour, de l'amour sexuel, jouissif jusqu'à être possessif, à l'amour pur. Pur de tout intérêt, de tout calcul, sans économie personnelle mais amour de l'autre pour l'autre et donc oubli de soi jusqu'au don de soi, à perte, et sans profit. Trois termes fort confus dans le langage populaire et souvent méconnus aussi du langage cultivé sont là : éros, philia et agapè. Traduisons brièvement : amour associé aux sens, l'amour/amitié, et l'amour/don/caritas/agapè (désintéressé). C'est pourquoi, le christianisme parle si nettement de l'amour de Dieu, celui que Dieu nous porte et non celui que j'ai pour Dieu. Ce Dieu d'amour présenté et offert est vraiment le seul amour pur. Si « Dieu est amour » (1ière Épître de Jean 4,16) l'amour n'est pas Dieu. Aussi, essayons de purifier nos amours glauques, boueuses, mêlées d'égoïsme, de violence et même de haine.

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